resistance

Publié le 5 Août 2017

La Guerre, où est la Guerre ? J'ai l'impression que c'est spécialement contre les juifs...Des petites filles disent avoir leur père prisonnier. Leurs mamans envoient des colis...ce mot m'impressionne, on met de bonnes choses dedans, du manger qui ne se gâte pas, chaussettes, pull-over tricotés mains, des cigarettes, plein de bonnes affaires. Prisonnier c'est bien, au moins on reste vivant, c'est ce que je pense. Et puis le curé bénit ces paquets, il bénit aussi les animaux lors de la fête de Saint Antoine de Padoue. Quand je mets un sou, sa tête de statue salue en un Merci.

Je ne vois pas la Guerre. Je ne vois pas de soldats armés, je n'entends pas de bruits de balles. Où est la guerre ? Nous n'avons pas d'images de la guerre, ni de ce mot le "front". Quelquefois j'entends "Alliés, Axe" et comme "Résistance, Maquis" à voix basse, chuchotés, et quelque peu mystérieux. Je voyais que cela faisait plaisir à Maman. En de très rares occasions et par des conversations fortuites on apprenait que certaines personnes écoutaient la B.B.C. c'était défendu et des voix inconnues dire  

         ICI LONDRES LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS

Il était aussi question d'un général de Gaulle, ça faisait penser aux gaulois dont nous apprenions en être les descendants. Ceux qui écoutaient ces émissions radiophoniques -j'entendais le mot "brouillées"- devaient se cacher et risquaient d'être "mouchardés". Je les trouvais très courageux, tout en ignorant ce qu'ils pouvaient bien apprendre. A l'Institution Jeanne d'Arc apprenons  "quand on marche 2 par 2 le diable est au milieu !" Je fais bien attention de ne pas marcher 2 par 2. Nous pouvons jouer à la "STATUE" -mon Dieu comme c'est joli. Aux gendarmes et aux voleurs. Je ne sais pas lequel je préfère !  Jongler avec 2 ou 3 balles pour les plus habiles et puis l'infatigable Marelle qu'aujourd'hui je sais être une préfiguration Géomantique inspirée du Plan Directeur.

Lors de la photographie annuelle de ma classe je me mets à l'un des bouts de banc pour mieux m'échapper, courir vite si besoin. Faire de Bonnes Actions : nous recevons chaque semaine une feuille avec des petits carrés damiers et  à chaque fois que nous pensons avoir fait une bonne action nous pouvons cocher une case. En 2 jours j'avais tout coché. Je pouvais faire moins attention les autres jours de la semaine.    

En cours de catéchisme l'Archiprêtre explique que Dieu est en trois personnes. "Le Père le Fils et le Saint-Esprit" Je n'arrive pas à comprendre comment une telle chose est possible. Un mystère ? Je lui demande une explication : la réponse charcutière -"Dans un jambon il y a bien le gras, le maigre et l'os".

Toute sa vie j'ai essayé de faire "parler" Maman de cette époque. Elle me disait de laisser ces affaires en paix, ainsi en allemand : "Och lass doch die sachen in ruhe". Elle n'a jamais voulu aborder ce sujet. Elle a du avoir peur pour nous ! Ça ne se voyait pas, je ne m'en suis jamais aperçue. Quel courage a-t-elle du avoir ! Je suis passée à côté d'Elle et réciproquement. Je regrette notre incompréhension. 

La Dame qui dit la Vérité...maman a été voir une dame qui dit la "vérité", elle me le raconte : -Oh Madame vous perdez beaucoup d'argent...gentils enfants...fils voyage plus tard. Hitler ne gagnera pas la guerre...Vous aurez de grandes satisfactions avec votre fille...- Je me sens très concernée et fière pour quand je serai grande. -Si Hitler ne gagnera pas la guerre, alors je n'ai plus besoin d'avoir peur ?- Il faut attendre qu'il la perde ! Pour l'instant : attention à toi, à tout, et à tous, ne parle pas, ne dis rien. on risque d'être tués-. Elle a peur pour elle, je le pense. Voilà. 

Comment la Haine vient aux enfants ? Avec ses formes perverses, on trouve partout des techniciens du MAL.  Responsables- Coupables. Une des formes de la démonologie se trouve "Là" en succession des Procès de l'Inquisition qui ont empoisonné la Vie Sociale. Le monde entier est encore concerné par ces extrémismes qui appartiennent héla au mental de tant de personnes. L'intolérance génère la haine, les guerres, les crimes. Soyons vigilants, refusons cette instruction perverse cet enseignement effroyable.

Toute Religion a pour vocation d'unir, de relier les êtres les uns avec les autres. La haine est en opposition avec le Destinée de l'Être en quête d'Harmonie : sur la terre comme au ciel.                          

Permission...J'ai tout le temps peur...Il ne faut pas être dénoncés..Il y a des "collaborateurs" ils racontent tout aux Allemands : les juifs, le maquis... et il y a "La Milice" pire encore, très dangereuse ils peuvent nous arrêter, nous conduire en prison, nous torturer....Ce jour là, sur la route que j'emprunte je les vois, ils sont deux, on les reconnait. habillés en noir avec quelque chose en cuir qui traverse le haut de leur uniforme, de grandes bottes noires, un béret noir sur la tête et le fusil sur l'épaule. Ils arrêtent les hommes. Je dois passer près d'eux pour aller à la maison. Je ne dois pas, et je ne peux pas m'échapper. Ne cours pas Marguerite marche droit. Cartable enserré dans mes doigts que je mets les uns sur les autres enchevêtrés bien tassés, on dirait que j'ai deux doigts, ça fait comme une pince. Je connais le nom de chacun, j'en suis fière. Recommence, répète,  recommence...Pouce-Index-Majeur-Annulaire-Auriculaire. Un homme que la milice voit, traverse la côte où je m'engage, il s'approche de moi, et dit voyant mes doigts mêlés  les uns sur les autres serrant mon cartable :" tu as des rhumatisses ?" Mon Dieu comme il est bête ! -Monsieur on dit RHUMATISMES-  Et pourtant je n'ai le droit de parler à personne et de ne rien ramasser. Il se penche vers moi, prend et porte mon cartable met son bras autour de mes épaules comme un gentil papa qui vient chercher son enfant et me laisse en plan dés qu'il est hors de vue de la milice. J'ai compris beaucoup plus tard, je l'ai sauvé ce jour là, en tout cas à ce moment- S'il avait su de qui il portait le cartable !

 1942...dernier Noël  avant de fuir, quitter Figeac pour le Couvent Ecole à Massip près de Capdenac-Gare. Mes initiales M.C. Margot Cerf sont conservées.Tu t'appelles Marguerite Cordier. Répète ne te trompe pas... Ma mère m'abandonne. Elle va "garder" sa maman à elle Oma grand-mère au couvent de Fons, avec ma cousine Lisette. Papa ? pas là.                     

Janvier1943 j'ai 7ans 1/2 l'âge de raison disent les religieuses avant ce départ de Figeac qui se fait "en silence"...Faux-papiers. Ne parle pas, ne dis jamais qui sont tes parents, ton frère, ta famille. Pas un mot sinon on nous prend.

Massip : deux religieuses de la communauté s'occupent particulièrement de nous. Le premier jour deux "maîtresses" me lavent debout dans une cuvette. -Oh comme elle a la peau blanche !- "J'ai pris un bain avant de venir" Ensemble elles s'écrient UN BAIN !-UN BAIN !  Aujourd'hui encore j'entends le ton de leurs voix, un cri, de ce que cela pouvait représenter.   

Nous sommes beaucoup, des "petites", des "grandes" viennent aussi quelques petits garçons, ils habitent à part. Un dortoir immense Glacial. Petite toilette le matin, grande toilette 1 fois par semaine. Je ne connais personne sauf Mme Bergon Mère Supérieure qui est dans le secret et Mme Roques Sœur Marguerite son aide fidèle. Elles sont venues me chercher à Figeac. Pas de nouvelles de ma famille. D'ailleurs je dois faire comme si je n'en ai plus. J'en ai déjà l'habitude. Je les hais.

Début Février1943 j'ai une permission pour me rendre à Figeac  ma mère s'y rend parfois. A pieds ça fait -avec les raccourcis- 5 kilomètres, je sais comment il faut marcher : des pas réguliers c'est ce que mon frère m'a appris. Je peux rester quelques jours en permission, je revois mon frère   

Il va y avoir un Conseil de Famille. J'aime bien ce mot. Ça fait comme un Grand Conseil des Rois.

Je suis vraiment étrange parce que je regarde avec intensité mon oncle, pour connaître sa décision. Va -t-il le faire ? Piquer-Brûler-Tuer les Juifs.   Va-t-il y aller ? Ces mots Piquer-Brûler-Tuer, je les connais très bien, bien appris à la maison. Se taire, pas  dire, pas  parler  sinon "on" nous  prend : Piquer-Brûler-Tuer. Le Conseil de Famille a pris sa décision, le verdict est  -Si les Allemands doivent nous prendre, nous suicidons d'abord les enfants et puis nous après. Je suis extrêmement soulagée, mourir par eux plutôt que par les Allemands ! Depuis que je sais qu'ils peuvent faire "ça" je suis nettement plus calme. J'ai moins peur. Mourir par leurs mains plutôt que par celles de Allemands c'est mieux. Au moins "eux" ne me feront pas souffrir. Je suis rassurée...au moins sur le moment. Je me demande avec quoi ils vont le faire, et quand. Maître Zackaïus  m'appelle "Pâquerette". bien plus tard lui et sa femme avec l'assentiment de Maman m'emmènent à mon premier bal. Ils souhaitent que je rencontre leur neveu Ralph dont les parents ont été déportés. Ma longue robe blanche est faite sur mesure. Je préfère danser avec Gaston son ami.

En accès libre sur internet, le site du Mémorial de la Shoah propose un ensemble de documents relatifs aux victimes juives. C’est ainsi que nous découvrons le sort de Rolande Cerf, née à Crépy-en-Valois le 20 janvier 1905. Fille de Paul Lehmann (marchand de bestiaux) et de Fanny Hirsch, Rolande Lehmann se marie à Crépy-en-Valois avec Simon Cerf, commerçant, le 12 juillet 1929. Nous perdons ensuite sa trace jusqu’en 1943. En effet, et sans que l’on connaisse la date, Rolande Cerf-Lehmann s’est engagée dans la résistance comme agent de liaison. Elle est arrêtée à Marseille le 22 janvier 1943. Questionnée et torturée par la Gestapo, elle est déportée à Sobibor en Pologne par le convoi n°52 au départ de Drancy, le 23 mars 1943. Ce convoi comprenait 994 juifs dont 66 enfants. Il n’y eut aucun survivant. Après la guerre, Rolande Cerf-Lehmann reçut à titre posthume diverses distinctions et décorations: la Légion d’Honneur, la Croix de guerre 1939-1945, un Certificat de service rendu britannique signé du maréchal Montgomery et le titre de Lieutenant des Forces Françaises Combattantes de l’Intérieur. Tous ces titres ont été transmis récemment au maire de Sanary-sur-Mer (Var) par la fille de Rolande Cerf-Lehmann, habitante de cette commune. Ce maire a envoyé un courrier à M. Bruno Fortier avec lesdits documents. Dans ce courrier, le  maire de Sanary-sur-Mer propose d’inscrire sur notre monument aux morts, le nom de Rolande Cerf-Lehmann. Au total, ce sont bien, avec Marcel Vernet, René Carpentier, Achille-Norbert Lenoble, Maurice Vachet et Rolande Lehmann, cinq personnes à rajouter sur le monument aux morts de Crépy-en-Valois.
Eric Dancoisne, président de la SHAV.
Remerciements au service de l’état-civil de la mairie.
Sources: état-civil de la mairie de Crépy-en-Valois, Légifrance, Mémorial de la Shoah. ANACR-Oise « Ils ont fait le sacrifice de leur vie… », 2002 ; Histoires du Valois 2015 ; Eric Dancoisne, Jean Vassal (1870-1953), député maire de Crépy-en-Valois, Société d’Histoire de Compiègne, 2008.

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Publié le 31 Juillet 2017

Encore quelques jours à Figeac en internat...Je ne le sais pas encore.       Un jour de sortie d'internat, en permission je me suis retrouvée avec mon frère chez notre mère, j'entends "Partez il va y avoir une rafle, partez, partez vite "  c'est ce que crie une femme échevelée, en tablier dans le sentier en face de la maison. Maman : -Partez mes enfants "ils" sont là, vous savez où aller- "Maman viens avec nous ! Ne reste pas ! " J'éprouve une crainte folle pour elle, je veux qu'elle quitte la maison, je veux qu'elle vienne sinon "ils" vont la prendre. Elle ne vient pas. Elle refuse de venir. Je la hais tellement pour ça. Nous fuyons seuls mon frère 11 ans et moi 7.J'ai oublié ma collection de timbres " viens allons chercher ma collection ! " Mon frère se retourne, il hésite, me tire par la main -non nous n'avons pas le droit ! Collection de timbres jamais retrouvée, jamais recommencée. Mais j'aime les timbres. nous courrons chez Madame Angelergues ma marraine. Elle nous fait des frites, ça nous en fait 7 chacun. Un régal ...mais ce n'est pas beaucoup Marraine. Marraine parle d'huile qu'elle n'a pas. La Rafle est finie. Ma mère pas prise. Je  retourne à Jeanne d'Arc.

Une fois par semaine je participe aux réunions des ÂMES VAILLANTES". Quand la cheftaine appelle  -Âmes Vaillantes-!  nous répondons "UNIES" en glissant le côté de la main droite sur notre ventre de gauche à droite, et on laisse tomber notre bras bien contre notre jupe bleu-marine, la mienne est faite avec un pantalon retourné devenu trop petit de mon frère, elle tient bien avec ses bretelles sur mon corsage blanc. Mon Dieu comme je suis heureuse ! ÂME VAILLANTE, je suis vaillante et courageuse ! Nous apprenons à nous dévouer. L'amour vient aux enfants.

 Là,  j'ai forgé ma foi en la vie j'ai promis d'être droite, juste et équitable, de faire tout pour tous. Surtout les plus faibles. Je regarde avec envie les "JEANNETTES", plus grandes en espérant l'être un jour, leur chemisier bleu-ciel, l'écusson qu'elles portent nous différencient. Être GUIDE, c'est vraiment donner l'exemple. Je veux être Guide quand je serai grande.

Alors que j'étais chez les "Âmes Vaillantes" j'ai fait un camp de jeunesse à Bonaguil près de Cahors. Bonaguil -bonne aiguille-et son château en ruines que nous visitons. Ce qui était la chambre de la fille du château me fait mal, c'est tout petit et très froid; comme elle a du être malheureuse ! Comme moi.                                                                                                     Les Âmes Vaillantes chantons : "Catherine était chrétienne bidiboum boum boum, bidiboum boum boum, Catherine était chrétienne son père ne l'était pas son père, son père, son père ne l'était pas"  Comme moi Papa. A Bonaguil  nous sommes invitées chez Marguerite Moréno, je suis  surprise de voir son lit tout en bois, très haut, je me demande comment elle fait pour y monter. Elle nous dit que nous pouvons nous y asseoir. Hum ! Je lui ai dit avoir vu son film "Les Misérables" elle a nommé Victor Hugo. Elle portait une  capeline, devant nous dans le parc elle s'est mise à déclamer. sa voix était impressionnante, presque trop forte. J'ai regardé autour de moi pour savoir d'où ça venait...ça venait de partout. Après la guerre j'ai su que  Marguerite Moréno interprète de "la Thénardier" était juive. "Ils" ne l'ont pas prise. Harry Baur interprète de Jean Valjean était baptisé catholique, mais juif aussi. "Ils" l'ont pris, jeté en prison, torturé, rendu agonisant. 

Dans cette colonie de vacances, nous faisons la vaisselle de nos assiettes en fer. Celles qui lavent me disent de bien essuyer, elles trempent les assiettes et la monitrice s'aperçoit que même en essuyant bien fort elles restent sales, elles disent... -C'est à cause de toi, juive, tu es juive tu n'avais qu'à bien essuyer. Je suis allée voir la responsable en lui disant l'insulte...que j'étais baptisée Catholique. Pas juive. Dénoncée ? PEUR.

Lors de cette colonie de vacances je me rabaisse pour pouvoir jouer avec les autres fillettes. Elles se mettent sous la robe un ballon, rient et ne veulent pas de moi trop jeune. Pour être acceptée dans leur groupe, pour ne pas être -seule- je me suis salie, et je le ressens vivement - Je sais ce que vous  faites, c'est  quand  la  dame  attend  un  bébé. "Elle sait,  elle  sait !" - Admise ! Je vis ma lâcheté de ce jour. Mais je ne joue pas à ça.

De retour je peux avec ma mère chanter. Elle s'installe au piano. Le chant qui me plaît le plus et m'intrigue à la fois c'est  "La Tour Prends Garde" et son énigmatique question "qu'est-ce qui passe ici si tard Compagnon de la Marjolaine...pourquoi ils passent si tard et pas avant ?" J'avais l'impression que c'était moi à la recherche d'un important secret. Mon frère adore "Compère Guilleri" . Valses de Strauss, valses de Vienne je me mettais à danser. maman chante aussi en Allemand les chants de son enfance. Elle m'a appris le "jeu du moulin", de poser des pommes avec la peau sur la cuisinière et ça sent si bon.

Les  rares  nuits  où  nous  dormons  à  la  maison  mon  frère  fait  crisser des papiers le long du lit et dit "écoute ce  sont les  allemands  qui sont là" Parfois il  me  frappe, il  dit  que  si  je  crie  il me dénonce aux allemands.   Je dois faire  "Résistance". Il est interne au collège Champollion.                 Papa ? pas là.

Je retourne à l'internat "Jeanne d'Arc", difficile de lacer ses chaussures, faire son lit, de l'apprentissage à peler des pommes de terre en robe des champs au réfectoire. Les internes on a une boite "en bois" pour y mettre des provisions quand nos familles nous en donnent lors de permissions. Je ne la ferme pas à clef parce que je sais que des petites filles n'en ont pas, elles savent qu'elles peuvent se servir dans la mienne. Une fois elles ont tout pris d'un seul coup. J'ai par la suite fermé à clef.

Un jour je me prépare dans la Chapelle pour passer à mon tour à confesse L'archiprêtre Lacroix qui m'a baptisée sort vivement du confessionnal avec sa chasuble blanche brodée. Il s'approche de moi très en colère en me disant que je bavarde, que je dois me taire.-Ce n'est pas moi ! Et tu mens ! Surtout toi ! La violence de l'injustice me saisit : Surtout moi ? Alors même lui : Juif encore ! J'adore aller à la messe, c'est un péché mortel si on n' y va pas. Il y a aussi de péchés véniels moins graves mais il ne faut pas faire de péchés.J'aime toutes les prières surtout celles de l'Acte de Contrition...Mea Culpa, mea culpa, mea maxima culpa, c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute en se frappant le cœur à trois reprises avec le poing fermé de la main. Je ne frappe pas fort. Le geste me plaît beaucoup. Le latin aussi. Au moment de l'Elévation, quand le prêtre officie il faut baisser la tête. Je regarde quand même un petit peu. Peut-être que Jésus se montre. Je suis baptisée je n'irai pas aux limbes.

Bonsoir ma très chère Margot,

J'ai lu avec attention le troisième article de ton blog et je me dis encore et encore, quelle horreur que de se sentir ainsi traquée comme une bête, la peur au ventre sous prétexte que l'on soit née juif. Quel émouvant témoignage transmis par les yeux et le vécu d'un enfant !

Je t'embrasse bien fort et t'adresse toute mon affection. Pr. d'Université

4 ème partie en cours

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Publié le 30 Juillet 2017

Les Enfants cachés...Le jour 18-XII-1942 jour de mon baptême catholique, Marraine, Madame Gabrielle Angelergues m'offre un chapelet tout en nacre. Au cours d'un déménagement j'ai perdu ce joli chapelet. Marraine et moi signons chacune sur un très gros livre, mon acte de baptême. Aujourd'hui quand je regarde ma signature je vois que j'ai écrit "Mar" et attaché beaucoup plus loin "guerite". Guérite ? Désarticulée. J'ai 7 ans 1/2  C'est donc à cet instant précis que j'ai éprouvé cette haine inouïe, contre les juifs. Jusque là j'étais comme eux, il fallait faire avec. C'est fini. A présent ce n'est plus pareil ! D'un seul coup il y a une libération incroyable- Pas moi, plus moi. Je suis catholique. Eux sont juifs. Je les hais et même pense à les dénoncer aux Allemands en étant si gentille avec eux qu'ils me prendraient sur leurs genoux et qu'ils m'embrasseraient. Maintenant je ne risque plus rien. J'ai la sensation instantanée du Pouvoir, en même temps je sais qu'il ne faut pas avoir de mauvaises pensées ..alors...

                                 " Petit Jésus  protégez ma famille ! "                            Je dois retourner à Jeanne d'Arc-Tu n'embrasses pas ta Maman NON                                 C'est avec joie que je quitte ma mère.

Plus de Juif...alors pourquoi quand même ? ...un arrière goût de pas fini.   Quelques jours avant mon baptême Mère Marguerite devant ma mère a dit "Si les allemands doivent prendre Marguerite ils devront d'abord marcher sur mon corps".  Elle n'était pas grande alors j'ai eu encore très peur.        J'ai su bien après la guerre que Mère Marguerite avait demandé aux petites filles de ma classe de m'entourer, et de ne pas me laisser prendre au cas où les Allemands viendraient me saisir. Une de ces fillettes à l'âge adulte a raconté cette histoire, la transmettant à ses propres enfants tant elle avait été impressionnée. 

Les Religieuses de l'époque se sont-elles rendu compte à quel point l'enseignement inculqué pouvait sur nos jeunes esprits avoir une telle influence ? "Pardonnez-leur car ils ne savent ce qu'ils font" mais ceux qui "faisaient" ces  livres  de catéchisme ne pouvaient  pas  l'ignorer.                                 Ils induisaient la haine de l'autre. Comme d'autres aujourd'hui.

Violence induite, insidieuse, semée...

Récoltée ?.

Cette  semence  d'intolérance  induite, introduite- par   des  fomentateurs responsables, fomenteurs  habiles  au  service  des  pouvoirs - imprègne  les  enfants qui  en  restent hélas souvent marqués.

Toutes les propagandes racistes, xénophobes, marquent aussi bon nombre d'adultes. Elles sont le creuset du Terrorisme.                                                                      L'Athanor des guerres.

Chacun est concerné par ce crime de sang à l'encontre d'une                                                        Paix Universelle.

Des mélanges d'assertions, l'utilisation de contre-vérités flagrantes, réductrices, c'est à dire expliquer correctement tel ou tels cas de témoignages pouvant être abusés par une apparence trompeuse, puis étendre le raisonnement à un ou d'autres cas infiniment plus difficiles à établir. Induire un leurre phénoménologique dans un but qui nous échappe ? Dossier inexact, documents disparus etc. incertitudes ?

Créer l'authenticité d'actes multiples -dont on ne peut établir la quasi-certitude par des mobiles de déconsidération artificiellement induits, panachés de propos ambigus ou moqueurs, avec recommandations pour d'éventuelles directives.

Le "Festival d'Absurdités" en désinformation utilise alternativement d'habiles et maladroites insinuations. On dément "officiellement" qu'il y ait des vérités internes dans les modèles de pensées différents des s'assurer modèles admis; il faut s'assurer d'une prophylaxie mentale de ceux que l'on veut toucher. aujourd'hui les "médias"...pour nous -à l'époque dont je parle- d'enfants, mais aussi d'adultes qui croyaient à ces "révélations" assorties de détails grotesques ou invraisemblables.

C'est avoir une haute idée de soi-même et bien vouloir s'investir dans une mission.

L'utilisation de différenciation des aspects physiques tel que la couleur de la peau, le bridage des yeux la couleur des cheveux et leurs aspects lissses ou crépus ont couverts ces différences par le mot RACE.

Fort de ce constat pour justifier une xénophobie latente certains auteurs : Chamberlain, Gobineau, et surtout le théoricien-nazi Rosenberg ont voulu justifier génétiquement une échelle de supériorité et d'infériorité sur ces questions de couleurs, d'aspects, voir de pensées...Rosenberg a tenté de découvrir des lois biologiques dont la fausseté et l'erreur sont désormais scientifiquement démontrées par le test A.D.N. et les travaux de Bryan SYKES qui démontrent que l'ensemble d l'humanité comporte en tout 7 groupes d'ADN mitochondrial dérivant tous d'un ADN unique d'où sa publication  intitulée " LES 7 FILLES d'EVE" ed: Albin Michel mai 2001.

Ainsi la pureté de la race prônée par le national socialisme allemand et une théorie scientifiquement fausse ont voulu justifier non seulement un conflit international mais l'esclavage forcé et la liquidation de millions de personnes soi-disant inférieures à ce que l'on nomme l'HUMAIN.

Chère Margot, voici un témoignage bien poignant !l révèle combien cette période fut sombre pour notre humanité, mais il dévoile aussi, combien dans cette nuit tragique de notre histoire, subsistaient, ici et là, quelques lumières, malgré la malignité des hommes à faire le mal dans ce qu'il a de plus radical. Des êtres qui font honneur à l'humanité ont su manifester, au péril de leur vie et sans attendre aucune récompense, la lumière des valeurs humaines et des idéaux chrétiens. Des enfants furent sauvés, prolongeant la vie et la force de l'Espérance. Un témoignage qu'il est bon de lire ou d'écouter, afin de conserver une vigilance de la conscience, face un possible retour de "la bête immonde" (Berthold Bretch).

Merci chère Margot pour la force de ce témoignage ! Pierre

3ème partie en cours

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Rédigé par Margot Thieux

Publié dans #Justice Injustice, #tout public, #Culture, #Tous, #Actualités..., #Résistance

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Publié le 29 Juillet 2017

Après Gratens et l'école communale, ce sera Figeac où je suis en classe enfantine à l'institution Jeanne d'Arc. Chaque matin nous avons une leçon, une histoire de  "religion".  Sœur Saint-Jean du Sauveur raconte le Gentil Petit Jésus aidant son papa charpentier, obéissant à ses parents la Vierge Marie, Saint Joseph. Je suis transportée dans cette famille au pays de l'Amour. Je veux être comme eux. Les prières, la messe, tout m'enchante, je sais que je suis proche de Jésus. J'apprends avec terreur que les "juifs" ont tué le Bon petit Jésus. Mes parents, mon frère sont juifs, moi aussi j'en suis horrifiée. Comment faire pour être comme Jésus ? Comment faire pour être aussi parfaite que Sainte Blandine ? Comment faire pour ne pas être juif dont on nous dit tant de mal ? Marguerite. Depuis Gratens mon prénom est devenu Marguerite. Margot -on me l'a dit- n'est pas un prénom catholique, ce n'est pas chrétien. J'aime faire le signe de la croix, j'aime toutes les prières. Plusieurs  fois par jour. A entendre ces histoires de Saintes, de Saints, mon cœur d'enfant en est tout illuminé. Je veux être pareille : faire le Bien, être martyre pour vivre  de cette manière . Plaire à Dieu, être comme Jésus. C'est entré, inscrit, sculpté en moi. Dans cette classe enfantine il y a des petites filles et quelques rares petits garçons. C'est la seule classe comme ça, toutes les autres sont  réservées aux filles. Un petit garçon -on l'appelle le petit "gitan" parce qu'il est Gitan -lève le doigt, se met debout, et très agité prononce : " Je veux moure, je veux moure " Pourquoi ? demande Sœur Saint-Jean du Sauveur.  "Pour être plus près de Jésus". Il aime Jésus plus fort que moi. Je sens la morsure de la jalousie, car moi je veux vivre, je n'ai pas son courage. Comment faire pour être comme lui ? Comment faire pour être plus près de Jésus ? Sœur Saint-Jean du Sauveur répond, et j'en suis toute réconfortée  -tu sais il faut vivre longtemps pour aimer beaucoup- Qu'es-tu devenu petit frère ? Jésus 

Très rapidement je quitte la classe enfantine monte en cours préparatoire car je sais lire et écrire. Sœur Saint-Jean du Sauveur s'en est aperçue. Bien plus tard j'ai retrouvé cette religieuse de la Sainte Famille, en retraite à Nogent-le-Rotrou dans une  maison acquise me dit-elle grâce au legs d'un généreux donateur -On l'appelle Sœur Réjane. Elle aussi a changé de nom.  Nous évoquons quelques souvenirs dont celui du18-XII-1942 où  baptisée catholique elles m'ont fêtées dans leur communauté. Ce qu'elle ignore c'est que juste après mon baptême procédé par l'archiprêtre Lacroix et pour marraine Mme Gabrielle Angelergues, ma mère étant présente j'ai refusé de l'embrasser...Elle était Juive plus moi. Je me suis mise à la haïr. En me voyant certaines maîtresses ont dit "c'est un ange" mais je n'ai pas senti les ailes dans mon dos. Retour au dortoir. L'histoire des faux-papiers ...j'avais pensé -s'ils sont faux ça va se voir-. PEUR. Un an plus tard ce seront les miens avec cette identité nouvelle, complétée par un nouveau nom de famille. Marguerite Cordier obligée d'être davantage encore, de plus en plus cachée, ce sera au couvent de l' école de Massip  après  le  tragique  destin  de  ceux  qui  ne sont plus, qui ne pourront jamais raconter 

                          "ils étaient trois petits enfants"


Ils sont venus chez vous, à la maison à Capdenac Aveyron en cette belle  saison des moissons. Juillet-Août 1941 -Pas besoin de glaner "ils" peuvent récolter. Raflés : Paulette 11 ans-Yvette  8 ans- Robert 4 ans sans oublier Papa Maman...et votre petite valise. C'est au camp de Rivesaltes qu'oncle Alfred venu vous apporter quelques affaires pour la famille qu'un des gardiens lui dit "regardez la locomotive fume, le train démarre, ils sont dedans. En masse vous aviez pris places dans un wagon ordinairement réservé à "chevaux en long: = 8-  hommes : = 40-" sans que jamais nous puissions nous revoir...Votre voyage via Drancy : "destination inconnue". Vous aurez la force de jeter de votre wagon un mot griffonné à la hâte qui ramassé par un cheminot parviendra à la famille...

Sommes encore en bonne santé-ignorons notre destination-Priez pour nous.-Raymond-Margaret.  

Famille Perlstein de Dorsden Allemagne glanée en France    

    Ils étaient trois petits enfants qui s'en allaient mourir au camp

Vos noms figurent sur le  Mur des Noms

« Nos blessures intimes, ce Mur des Noms les garde

dans le secret de sa pierre et les livre à ceux qui le

longent », a déclaré lors de la cérémonie d’inauguration

le 25 janvier 2005 Simone Veil, qui fut elle-même

déportée à Auschwitz

 

                                

 

29-07-2017 Ma chère Cousine Margot,

J'ai lu très attentivement tout ce que tu as écrit …

Je te remercie tellement de t'occuper de notre histoire ainsi. Je suis en ce moment très mélancolique après la mort de Simone Veil et les cérémonies discours et commémorations qui ont suivi et ça me fait du bien de lire tout ce que tu m'envoies..

Je vous embrasse très fort. Jaqueline

 

2ème partie en cours                                  

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Rédigé par Margot Thieux

Publié dans #Justice Injustice, #tout public, #Culture, #Esotérisme & Symbolisme, #Résistance

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Publié le 4 Mai 2017

...04 MAi 2017 17 ( d'octobre 2013 à Mai 2017)

De l'homme du limon à l'Homme de Lumière

RELİANCE SPİRİTUELLE....

DE LA RESILIENCE PSYCHOLOGIQUE A LA RELIANCE SPIRITUELLE

A regarder notre temps, il appert que certains mots soient portés au pinacle par les trompettes de la renommée et le régime de la doxa de certains de nos contemporains. Je veux parler ici du mot de résilience. Ce mot, du champ de la physique caractérise la résistance d’un métal au choc. Il désigne ce phénomène physique -se rapportant à l’énergie cinétique- absorbé par un métal jusqu’à un point de rupture.

Ce mot importé des Etats-Unis introduit en France, rapporté au domaine de la psychologie est explicité dans son livre « Un merveilleux malheur » par Boris Cyrulnik (ed : Odile Jacob 1999).

L’auteur décrit par ce mot cet effort du sujet à résister, surmonter, dépasser, surpasser un traumatisme ou à une tragédie vécue par une reconstruction psychique. La résilience serait alors « l’art de naviguer dans les torrents », autrement dit l’art de surmonter les épreuves.

Or, à bien y réfléchir la résilience s’échine à demeurer au niveau psychologique. Elle tente bien de libérer le sujet de ses souffrances internes, mais il semble que la résilience enlise le sujet dans ses traumas mentaux plutôt que de le libérer par une guérison véritable.

Si la résilience peut aider à surmonter les épreuves de la vie, elle ne libère pas, tout au plus aide -t- elle le sujet à se reconstruire sur fond de souffrances mentales. Face  à  ces  limites  substituons  au  concept  de    "résilience d'ordre psychologique" celui de  "reliance d'ordre spirituel".

La résilience s’arrête là où commence le travail de la spiritualité. Tandis que la résilience se cantonne au « moi partiel et partial », la « Reliance spirituelle » élève l’homme du limon à l’Homme de lumière.

L’homme est bien plus qu’un « ballot biologique » et « psychique », il est aussi selon la tripartition traditionnelle et ésotérique un «univers spirituel». Le sujet apparaît alors comme beaucoup plus vaste et élargi. Il est certes corps et âme, mais  il aussi esprit, dimension que notre temps à ravalée au domaine du psychologique, indexée avec et comme d’autres aux oubliettes de l’histoire. 

Et pourtant, c’est par sa conscience spirituelle que l’homme est capable de se relier aux «forces de l’esprit».

La "Reliance Spirituelle"  branche le sujet aux Énergies d’En Haut.  

Et l’homme se trouve alors comme revitalisé, transmuté et «pneumatisé» sur l’échelle de tous ses corps subtils. Il est redressé et debout face à l’adversité et aux vents contraires de son histoire personnelle.

Si la résilience apaise, la « Reliance Spirituelle » guérit.

Elle fait passer l’individu d’un univers falsifié et dévié par les émotions et les souffrances (caverne de Platon) à un univers vrai et parfait : celui de son origine.   

-Merci à l'Ami qui m'a fait parvenir son texte. C'est un véritable cadeau-Merci.

 

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Publié le 26 Septembre 2015

 

A celles et ceux qui pourront se joindre...et en pensées. Love Margot

 

La mission interdépartementale mémoire et communication région  Centre  Val  de  Loire  de  l’ONACVG  en  partenariat avec le musée de la résistance de Loir-et-Cher et les Cafés historiques de la région Centre organise le 26 septembre prochain à partir de 14h30 à l’Auditorium de la Bibliothèque Abbé Grégoire à Blois une projection du documentaire « Mentir » en présence de son réalisateur Georges Mourier. Cette projection sera accompagnée d’une présentation du témoignage  inédit  de  Francis  Cortambert, membre  du  réseau  Prosper - Adolphe  en  Loir -et- Cher, objet  d’une publication par l’ONACVG et le musée de la Résistance de Blois. Fabrice Grenard, agrégé d’histoire et chargé de conférence à l’IEP de Paris apportera son regard d’historien sur cette période de l’histoire. A l’issue, un débat avec le public sera organisé en présence de résistants locaux.

Un verre de l’amitié sera offert pour conclure cet après-midi dédiée à l’histoire de la Résistance.

 

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Rédigé par Margot Thieux

Publié dans #Résistance

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